Le passage des engins forestiers peut causer des dommages durables aux sols forestiers : tassement, ornières, scalpage, compactage, liquéfaction.
Les dégâts ont des impacts variables sur le milieu, parfois considérables même s'ils peuvent sembler invisibles. La perturbation de la fonctionnalité du sol forestier peut porter atteinte à la vitalité des arbres en place : ralentissements de croissance voire dépérissements. Il apparait donc primordial de protéger les sols forestiers, préoccupation partagée par toute la filière forêt-bois, qui plus est dans un contexte actuel de réchauffement climatique qui vulnérabilise les peuplements.
Par ailleurs, il est possible en cas de dégâts occasionnés de réaliser des remises en état qui doivent être adaptées à la nature du dégâts et au type de sol. Toutefois, ces opérations qui visent à restaurer la praticabilité d'un élément de desserte abimé, sont bien souvent "visuelles" et ne permettent pas de réparer le sol.
Dans le cadre d'une gestion durable, il faut donc agir à titre préventif !
Description des sols forestiers
Il existe une grande diversité de sols forestiers qui s'explique par la diversité des roches mères qui en sont à l'origine, sous l'effet de l'altération de ces roches par les êtres vivants et le climat. Les sols forestiers sont composés de matière minérales et organiques en continuelle activité (pédogènèse), un sol en bonne santé permet en son sein la circulation de l'air et de l'eau qui sont des conditions nécessaires pour la vie du sol et le développement racinaire des végétaux.
La pédologie désigne la discipline scientifique d'étude des sols. Le forestier a le devoir de décrire les sols de sa forêt, afin notamment d'en évaluer les potentialités sylvicoles, mais aussi leur sensibilité. La texture, la structure, la pierrosité sont des éléments de description qui permettent notamment de déterminer la portance d'un sol.
Guides et cahiers nationaux
Il existe des recommandations consignées dans des guides de référence PROSOL et PRATICSOL, qui s'adressent aux propriétaires et gestionnaires forestiers, entrepreneurs de travaux forestiers, conducteurs d'engins et clients donneurs d'ordre, qui ont chacun à leur niveau un rôle à jouer pour la protection des sols.
Le guide PROSOL a défini des classes de sensibilité selon le type de sol :
- Sols praticables toute l'année avec peu de précautions : Sols très caillouteux, ou très sableux, sans aucune trace d'hydromorphie dans les 50 premiers cm.
- Sols praticables toute l'année moyennant certaines précautions : Sols à texture dominante argileuse, sans aucune trace d'hydromorphie dans les 50 premiers cm.
- Sols très sensibles et impraticables une partie de l'année : Sols à texture dominante limoneuse ou sablo-limoneuse et/ou présence d'un engorgement temporaire, trace d'hydromorphie dans les 50 premiers cm.
- Sols très sensibles et impraticables toute l'année : Sols tourbeux ou à engorgement permanent, traces d'hydromorphie dans les 50 premiers cm.
De plus, les cahiers nationaux des prescriptions d'exploitation forestière (CNPEF) et des prescriptions des travaux et services forestiers (CNPTSF) sont les cahiers des charges de référence en forêts publiques, qui s'appliquent à tous les intervenants. Ces derniers font chacun état de recommandations concernant les enjeux liés à la protection des sols.